partis soutenant l'Islam politique

Belkhadem ne croit pas à une poussée des partis soutenant l’Islam politique lors des législatives

En janvier 2012, Abdelaziz Belkhadem, alors secrétaire général du Front de Libération Nationale (FLN), partageait ses perspectives sur les prochaines élections législatives en Algérie. Dans un contexte marqué par le Printemps arabe, qui avait vu des mouvements soutenant l’Islam politique gagner en influence dans plusieurs pays de la région, Belkhadem se voulait rassurant pour l’Algérie. Il pronostiquait qu’aucune poussée significative des partis soutenant l’Islam politique ne se produirait lors des élections, en raison de la division de leurs rangs et de l’expérience historique du pays avec la crise de la décennie noire dans les années 1990. De plus, il soulignait le risque d’une forte abstention, un phénomène déjà prévalent dans le paysage électoral algérien.

Douze ans après, en 2024, il est pertinent de revisiter ces déclarations pour comprendre leur portée et leur exactitude. L’Algérie a continué à faire face à des défis politiques et économiques, notamment avec le mouvement populaire du Hirak en 2019 qui a réclamé des réformes politiques profondes et une rupture avec le système de gouvernance existant. Les prédictions de Belkhadem sur l’absence de poussée des partis soutenant l’Islam politique semblent avoir été validées dans les grandes lignes, les élections successives ayant montré une fragmentation des votes et une prédominance des partis traditionnels, tout en étant marquées par une abstention élevée.

Retour sur les prédictions de Belkhadem

En 2012, Abdelaziz Belkhadem prédisait que les élections législatives en Algérie ne seraient pas marquées par une poussée significative des partis soutenant l’Islam politique, et il mettait en garde contre un risque élevé d’abstention. Ces prédictions se sont avérées assez justes au fil des scrutins suivants. Les élections législatives de 2012, 2017 et celles de 2021 ont montré que, bien que les partis soutenant l’Islam politique comme le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) aient maintenu une présence notable, ils n’ont pas réussi à dominer le paysage politique, en grande partie à cause de leur dispersion et d’un manque d’unification de leurs rangs. De plus, ces élections ont été caractérisées par une abstention croissante, culminant à environ 77% en 2021, signalant un désenchantement profond des citoyens envers le processus électoral et les options politiques disponibles.

Ces observations confirment que les structures de pouvoir traditionnelles, bien que contestées, ont conservé une grande partie de leur influence, et que les défis soulevés par Belkhadem, notamment en ce qui concerne la participation électorale, restent d’actualité.

Contexte politique et social en Algérie depuis 2012

Depuis 2012, l’Algérie a connu des transformations majeures, avec le mouvement du Hirak en 2019 marquant un tournant particulièrement significatif. Ce mouvement de protestation a émergé en réponse à la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, catalysant une demande massive pour un changement systémique et la fin de la corruption. La démission de Bouteflika en avril 2019, sous la pression continue du Hirak, a ouvert une période de potentielles réformes politiques. Toutefois, les élections qui ont suivi, remportées par Abdelmadjid Tebboune, ont été largement vues comme insuffisantes pour répondre aux exigences profondes de changement exprimées par la population.

La réaction des partis traditionnels, notamment le Front de Libération Nationale (FLN) et le Rassemblement National Démocratique (RND), à ces événements a été critique. Perçus comme des vestiges d’un système défaillant, leur popularité a considérablement diminué, même s’ils restent influents dans la gestion du pays. Le Hirak a non seulement mis en lumière les défis politiques, mais a également accentué les problèmes sociaux et économiques existants, tels que le chômage des jeunes, la dépendance aux hydrocarbures et les lacunes des infrastructures publiques, exacerbés par la crise sanitaire de la COVID-19.

Évolution électorale en Algérie depuis 2012 : Abstention, résultats des partis soutenant l’Islam politique, et fragmentation politique

Depuis 2012, les élections en Algérie ont été marquées par des taux d’abstention élevés et une fragmentation politique significative. Les scrutins législatifs et présidentiels ont révélé une tendance persistante à la désillusion des électeurs, avec des taux d’abstention atteignant environ 51% en 2017 et s’élevant à un record de 77% en 2021. Ces chiffres témoignent d’un scepticisme croissant envers l’efficacité du vote et la crédibilité des institutions politiques.

Parallèlement, les résultats des partis soutenant l’Islam politique n’ont pas montré de poussée significative malgré un contexte régional qui aurait pu leur être favorable. Les partis comme le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) ont maintenu une présence constante mais sans jamais dominer le paysage politique, en grande partie à cause de la dispersion de leur base électorale et de l’absence d’une coalition forte et unifiée. Cette fragmentation a également été observée au sein des partis traditionnels, où le Front de Libération Nationale (FLN) et le Rassemblement National Démocratique (RND) ont vu leur influence contestée, mais restent néanmoins des acteurs clés.

La scène politique algérienne s’est donc caractérisée par la formation de multiples alliances électorales, souvent éphémères et basées plus sur des intérêts stratégiques que sur des affinités idéologiques.

Le concept de l' »Exception Algérienne » et sa pertinence actuelle

Le concept de l' »exception algérienne », mentionné par Abdelaziz Belkhadem, souligne une trajectoire politique distincte de l’Algérie par rapport à d’autres nations du monde arabe. Ce terme a été utilisé pour décrire comment l’Algérie, malgré les pressions et les tendances régionales, a maintenu un certain ordre et évité les turbulences extrêmes observées dans des pays voisins, en particulier durant les révoltes du Printemps arabe. Belkhadem soutenait que la diversité des forces politiques en Algérie et les expériences historiques spécifiques, comme la décennie noire des années 1990, avaient créé un cadre politique où les extrêmes étaient moins susceptibles de prendre le pouvoir.

En examinant l’applicabilité de ce concept à la situation actuelle, il est clair que l’Algérie continue de démontrer une certaine résilience politique. Malgré le vaste mouvement de protestation du Hirak en 2019, qui a exigé des changements systémiques, le pays n’a pas sombré dans le chaos. Cependant, cette « exception » peut aussi être perçue comme un double tranchant : elle reflète une stabilité apparente mais cache une stagnation politique et un manque de réformes substantielles, ce qui peut, à long terme, miner la stabilité et le développement.

Comparée à d’autres nations arabes, l’Algérie a évité des conflits civils de grande échelle après 2011, contrairement à la Syrie ou à la Libye. Toutefois, elle partage avec des pays comme l’Égypte le défi de répondre aux demandes de réformes démocratiques tout en gérant les menaces à la sécurité et la stabilité. La spécificité algérienne réside donc dans sa capacité à maintenir un équilibre précaire entre le maintien de l’ordre et la gestion des aspirations populaires à plus de démocratie et de justice sociale.

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